La rentabilité des projets culturels se mesure aussi d’un point de vue social.

par Whaba Ghaly, conseiller municipal à Vernier

En juin 2020, le Parti Socialiste de Vernier a voté avec les Vert·e·s et le PLR en faveur d’un crédit d’étude de 10 millions afin de construire un nouveau centre culturel à Châtelaine. Ce dernier a pour objectif d’encourager la participation de tou·te·s les habitant·e·s de Vernier aux activités culturelles et de développer un programme pour accroître et rendre plus égalitaire l’accès à la culture.

Supprimer tous les obstacles à une plus grande participation aux activités culturelles est un objectif prioritaire pour le Parti Socialiste de Vernier.

Que ces obstacles soient liés à l’origine, à l’âge ou au niveau économique, notre ville a un rôle à jouer. En effet, par ses quartiers populaires, sa population aînée et sa multiculturalité, installer un tel centre au milieu de nos cités peut paraître une idée incongrue… et pourtant ! La précarité ne doit pas entrainer la création d’un désert culturel. Bien au contraire.

La création de ce centre culturel changera la donne en promouvant des actions concrètes en faveur de l’inclusion sociale,

  • en renforçant la participation des jeunes à des ateliers d’art et de théâtre ;
  • en consolidant un sentiment d’identité positif dans notre commune ;
  • en permettant aux personnes âgées d’avoir une offre culturelle enrichi à proximité ;
  • en misant sur un programme multiculturel à l’image de la population de Vernier ;
  • en favorisant des programmes culturels participatifs avec les habitant.e.s

Nous en sommes persuadés, les futures activités de ce centre contribueront à réduire l’exclusion sociale dans notre ville. L’accès à la culture est primordial dans le processus d’intégration sociale.

Le texte de Wahba Ghaly, conseiller municipal, dans son intégralité ci-dessous:


La culture a besoin d’investissements pour être florissante, mais le financement des activités culturelles est devenu un enjeu politique récurrent, et avec lui la place de la culture dans la société Verniolane. Il nous a paru utile de tenter un état des lieux et d’en tirer quelques conclusions. 

QUI SUBVENTIONNE LA CULTURE ? 

Comme de nombreux secteurs économiques (ex. l’agriculture), les arts doivent bénéficier d’importants financements publics, le reste du financement étant financé par le mécénat. Mais comme le mécénat est peu développé en Suisse, tout comme les Partenariats Public/Privé PPP, il tend globalement à se concentrer sur les projets qui brillent et sur ce qui fait consensus : En principe un centre culturel financé en partie par l’État trouvera plus facilement des financements privés qu’un projet qui ne l’est pas. On peut déduire de ce qui précède que la réduction des financements publics à la culture a un double impact négatif.

Tout d’abord des conséquences purement économiques. Sans même parler des retombées indirectes des activités culturelles (par exemple sur les artistes, les jeunes, les migrants et même les personnes âgées que l’on expliquera plus en détail dans cet article), il est donc certain que l’annulation des financements publics à la culture aura des effets récessionnistes sur un secteur non négligeable de l’économie verniolane. Et ces effets dépassent largement le seul montant de subvention publique à ce projet. Surtout, la contraction économique entraîne un changement de nature de ces activités : moins de création, moins de petites jauges, moins de médiation. En un mot, moins de diversité.    

En juin 2020, le PSV en partenariat avec les vert.e.s et le PLR ont voté pour financer en partie d’en budget pour construire un centre culturel a la Concorde, qui encouragera à son tour la participation de tous les groupes sociales de Vernier aux activités culturelles et développera un mélange de programmes culturels nécessaires pour accroître l’égalité d’accès à la culture et pour supprimer les obstacles à la participation aux activités culturelles.  L’importance de ce vote pour un Financement public partiel a été basée en parti, sur des considérations socioéconomiques qui ont identifié que les futures activités et programmes culturels contribueront effectivement à prévenir et à réduire la pauvreté et l’exclusion sociale dans notre ville. En outre, le PSV estime aussi que la participation aux activités culturelles puisse également contribuer à aider les personnes et les diverses communautés verniolanes à surmonter la pauvreté et l’exclusion sociale.  Le PSV est toujours de l’avis que la question de l’accès à la culture soit très importante pour le processus d’intégration sociale et dans l’élaboration d’un plan de développement communal responsable et durable.

Nous estimons ainsi qu’il faut mettre davantage l’accent sur d’autres moyens pour enrichir la diversité culturelle verniolane et pour faciliter l’intégration, autres que les simples programmes d’apprentissage de langue qui sont actuellement mené par les associations. Donc, face aux restrictions imposées aux budgets publics en période de crise, la recherche de fonds privés semble constituer la meilleure solution envisageable pour préserver notre niveau de dépenses en matière culturelle.
Hélas, les initiatives des partis de droite qui exigent de refuser le financement de ce centre culturel représentent un obstacle à la prise en compte générale du rôle que la culture puisse jouer dans la lutte contre l’exclusion sociale et la pauvreté.

Les Obstacles à l’accès et à la participation à une activité culturelle :

Il existe trois types de groupes perçus comme les plus exposés au risque d’exclusion culturelle:

  • Premièrement, ceux qui sont économiquement défavorisés et n’ont pas les moyens financiers ou sociaux pour accéder aux activités culturelles (en particulier les chômeurs de longue durée, les jeunes, et les familles pauvres. );
  • Deuxièmement, les migrants;
  • Troisièmement,  les personnes défavorisées (âgées et handicapées) 

 Les obstacles qui empêchent des groupes comme ceux-ci d’accéder aux services et aux opportunités culturels et d’exprimer leur propre identité culturelle comprennent:

 • Lorsqu’une prestation est payante, (exemple dans les musées), les personnes socialement exclues peuvent ne pas être en mesure d’accéder à ces services;

  • La préoccupation de survit au quotidien peut avoir pour résultat que peu de temps ou d’énergie est disponible pour accéder et participer aux services et aux activités culturels dans d’autres communes!
  • Les disparités géographiques dans l’offre culturelle entre les villes de Genève et de Vernier font que seuls les habitants de certaines zones ont accès à une gamme de services culturels locaux concentré en ville de GENEVE.
  • Les minorités ethniques font face à un manque de services culturels pour soutenir leur culture d’origine et à peu de mécanismes de soutien pour leur permettre de participer efficacement à la culture locale de leur ville d’accueil.  Un obstacle supplémentaire à cet égard peut être une réticence à participer à des activités en dehors de celles de leur culture autochtone en raison de la peur, de l’intimidation ou du manque d’expérience avec certaines offres culturels dans d’autres communes.
  • Un manque de soutien et d’opportunités culturels adressé aux jeunes est très susceptible de créer des barrières d’accès à la culture.

L’accès et la participation aux activités culturelles peuvent être très importants pour promouvoir une plus grande inclusion sociale de différentes manières:

  • Renforcer les compétences et la confiance en soi: la participation des jeunes à des ateliers d’art et de théâtre peut renforcer leur confiance et développer des compétences de travail d’équipe et de relations interpersonnelles et d’autres compétences.  Ça peut encourager les jeunes désaffectés par l’éducation et la formation formelles à trouver un une formation complémentaire dans le secteur des arts du spectacle.
  • Améliorer l’estime de soi et de l’identité: les projets public qui encouragent la participation à des activités culturelles peuvent conduire à une plus grande confiance en soi et à une meilleure estime de soi, conduire à une participation accrue à la société et au marché du travail et consolider un sentiment d’identité positif pour de nombreux groupes à risque  d’exclusion comme les jeunes défavorisés, les personnes handicapées, les groupes ethniques minoritaires et les personnes âgées.
  • Soutenir la diversité culturelle et lutter contre la discrimination: L’intégration des migrants peut être encouragée non seulement par des cours de langue, mais aussi par l’utilisation de programmes de théâtre ou de danse, qui représente et est fournis par la culture d’accueil.
  • D’autres pays européens ont déjà prouvé que de tels centres culturels puissent encourager des projets locaux qui visent spécifiquement à encourager l’emploi dans les industries créatives comme des ateliers de théâtre (France), la formation aux médias numériques (Royaume-Uni), la création des ateliers de musique rap (Allemagne),  étendre l’accès à Internet pour les groupes défavorisés (Italie) ou même promouvoir l’intégration intergénérationnelle entre les personnes âgées et les plus jeunes pour réduire leur risque d’exclusion sociale (Danemark)

Alors, pourquoi les partis de droite s’attaqueraient ils au PPP pour la culture? Nous finançons déjà l’éducation et considérons que chaque individu a le droit à l’éducation, pourquoi ne pas inclure une forte composante culturelle au sein de notre ville?

L’argument de la droite est que les arts sont un luxe – et simplement pas aussi importants que l’éducation.  Très souvent, Ils considèrent les arts comme quelque chose de «supplémentaire». 

En réalité, les recherches ont montrées que la société en bénéficiera finalement du soutien direct au financement public à la culture. Et que les arts et la culture sont très nécessaires car ils amplifient ce que les étudiants sont capables d’absorber académiquement.  Par exemple, les étudiants réussissent mieux lorsqu’ils ont une infusion régulière des arts et de la culture dans les matières académiques. Mais si les arts sont un aspect important comme l’éducation, comme le montre la recherche, pourquoi l’argent public ne devrait-il pas aussi soutenir les arts?

 Lorsqu’il s’agit de priorités de financement public, il y en a certainement beaucoup… la santé, les routes, la sécurité publique… la liste est interminable.  Cependant, nous devons tous travailler ensemble dans notre commune pour maintenir le financement public de la culture parmi les priorités budgétaires.  Certes, Nous ne changerons pas les perceptions du jour au lendemain, mais si nous continuons à présenter les faits, nous ferons du progrès pour que notre ville soit mieux placer parmi les autres villes Suisse.