Martin Staub: « Il faut arborer nos couleurs comme un drapeau qui enveloppe et non comme un repoussoir »

Discours de Martin Staub, président du Conseil municipal de la Ville de Vernier, à l’occasion de la Fête nationale suisse, le 1er août 2016

Chères Verniolanes et Verniolans,

Je suis très fier, en tant qu’enfant de la commune de parler ici, pour un jour si particulier. Jour particulier pour des temps particuliers.

La litanie des nouvelles sombres semble sans fin.

J’aurais pu prendre comme point de départ les événements, chez nos voisins français, en Turquie, en Afghanistan, en Irak ou aux USA, mais je veux vous parler de l’Euro de football.

Je ne peux commencer à parler de l’Euro sans me réjouir de la victoire de nos amis portugais.

Mais, le foot ne se passe pas seulement sur le terrain. Je ne suis pas le premier à me saisir de ce thème pour vous parler plus généralement de notre société. Camus a dit : Vraiment le peu de morale que je sais, je l’ai appris sur les terrains de football et les scènes de théâtre qui resteront mes vraies universités.

Sans aller jusque-là, permettez-moi quelques arrêts sur image du dernier Euro.

Première image, celle d’un wagon de métro rempli de fans roumains à une extrémité et de supporters suisse a l’autre. Chacun arbore fièrement ses couleurs, entonne des chants. L’histoire pourrait s’arrêter là. Loin de là, les fans se retrouvent côte à côte à chanter dans un langage romano/suisse et à démarrer une chenille improbable.

Fierté, dans le respect de la différence et de la diversité.

Vernier n’est pas en reste. Combien de drapeaux différents ont fleuri dans la commune. Infinies combinaisons, car à Vernier, nous sommes fiers de notre diversité, dans le respect de l’autre.

Deuxième image, une vidéo. Des fans irlandais bloquent une route. Face à face avec les policiers français. Mais, des chants à la gloire de la police française se font entendre.

Un policier se saisit du micro et répond en chanson, que le soutien des fans irlandais les touche mais qu’ils devraient partir. Les Irlandais finissent par s’en aller dans le calme.

Fierté, dans le respect de la police et du travail.

J’en profite pour remercier notre police municipale et les services municipaux pour l’organisation mais également les associations qui permettent cette manifestation.

Dernière image, une vidéo. Finale de l’Euro. La France vient de perdre. Un fan français pleure. Un garçon portugais s’approche et le console. Pas de célébrations mais le réconfort, dans le respect.

Fierté, dans le respect de celui qui vient de perdre.

Le respect de celui qui perd est très suisse. En 1848, la Suisse moderne voit le jour, après la guerre du Sonderbund. Les cantons protestants, radicaux, ont gagné, mais, loin d’imposer leur volonté, ils font un compromis avec les cantons catholiques, dans le respect. Nos institutions ont leur origine dans ce compromis.

Il est plus facile dans ces temps troublés de se laisser aller à une vision excluante de notre pays, nous face à eux, quel que soit ce « eux » ; d’arborer nos couleurs comme un repoussoir et non comme un drapeau qui enveloppe.

Mais, le football nous enseigne que nous pouvons gagner seulement en équipe. Le Portugal n’a-t-il pas gagné la finale sans Ronaldo, avec le but d’un remplaçant ?

Aujourd’hui, nous pourrons sortir plus forts des défis actuels, qu’en équipe, sans mettre de côté certain-e-s qui pourraient faire partie de la solution, les remplaçants !! La Suisse l’a fait par le passé, et le refera, sa devise n’est-elle pas : « Un pour tous et tous pour un ».

A Vernier, nous connaissons la nécessité de travailler ensemble. Vous le prouvez en faisant vivre Vernier par vos actions, vous pouvez en être fiers.

Vive Vernier. Vive Genève. Vive la Suisse.