Martin Staub: « Oui au salaire minimum, oui à l’insertion professionnelle »

Photo: Magali Girardin pour la Ville de Vernier

L’introduction du salaire minimum dans le canton a eu des effets positifs indéniables tels que la réduction de la grande précarité des travailleurs·euses, la revalorisation de certaines professions souvent féminines et la lutte efficace contre la sous-enchère salariale.

Cependant, dans un éditorial du 28 avril dans Le Temps, la journaliste Laure Lugon remet en question cette avancée en prétendant qu’elle se retournerait contre les plus démuni·es, ce qui est une contre-vérité. Cette attaque contre le salaire minimum est une vieille rengaine portée par la frange la plus libérale et conservatrice des partis de droite, qui considèrent que le salaire minimum empêche l’existence de certains emplois et mettrait ainsi des personnes dans la précarité, une affirmation totalement fausse. En réalité, c’est bien évidemment l’existence d’emplois mal rémunérés qui pousse les gens dans la précarité.

Ce qui est ici pernicieux est l’utilisation d’une problématique réelle, l’insertion professionnelle, pour remettre en cause le salaire minimum. Étant cité dans l’article qui a donné lieu à l’éditorial, je me permets de contredire cette affirmation. Bien qu’il ait fallu mieux décrire les exceptions à ce dispositif au moment de sa mise en place, la question des stages d’insertion professionnelle pour les personnes éloignées du marché du travail n’a en effet pas été suffisamment précisée dans la loi. Mais il s’agit du propre d’une innovation, d’un progrès social, de répondre à un besoin avéré et de mettre en lumière d’autres problématiques afin de préciser le cadre et de clarifier les limites d’application pour éviter les abus.

Depuis l’introduction du salaire minimum il y a deux ans, mon travail en tant que conseiller administratif, ainsi que celui d’autres personnes, est de souligner la nécessité de préciser cette exception pour permettre aux personnes éloignées du marché du travail, ayant un parcours non linéaire et accidenté, de (re)construire un parcours professionnel et personnel. Grâce à la collaboration entre les communes, l’État, les associations actives dans l’insertion, les syndicats et les associations patronales, nous sommes sur le point de trouver une solution pour ce type de stage d’insertion. Bien que j’aurais aimé que cela arrive plus tôt, toutes ces parties prenantes, en particulier les syndicats, à l’origine du salaire minimum, ont envie de trouver une solution pérenne car nous savons toutes et tous l’importance du salaire minimum et de l’insertion professionnelle.

En deux ans à peine, le salaire minimum a permis de sortir des travailleurs·euses de la précarité et de supprimer des emplois sous-payés déguisés en stages. Avec un contrat social renouvelé et encadré par des règles plus précises, l’insertion professionnelle va continuer à contribuer de manière décisive à la lutte contre la précarité.